15h45. La sixième affaire sur les 17 inscrites à l’audiencement est en cours. À la barre, un jeune homme de 23 ans comparaît pour détention illégale de stupéfiants. Lors d’une perquisition à son domicile à Saint-Renan, en mai, dans le cadre d’une procédure incidente, les gendarmes ont retrouvé 3g de cannabis sur lui. Puis une plaquette de 182g dissimulée dans un placard. Le garçon un peu perdu reconnaît sans difficulté «consommer régulièrement». Décès de sa maman, perte de son emploi, de sa copine… Il s’est enferré dans une problématique d’addiction multiple. Reste cette plaquette de 182g. Il dit, dans un premier temps, qu’il l’avait achetée il y a plusieurs années mais qu’il aurait dû la mettre à la poubelle car elle n’est pas de bonne qualité. Puis, interrogé par la procureure, il s’emmêle les pinceaux et avoue qu’il s’en servait bien en dépannage.
Son avocat, David Rajjou, entre alors en scène. «Avez-vous vu ce qui se passe derrière ce mur? Huit détenus dans une geôle de 6m², sans fenêtre, autant d’avocats… Enfermés ici depuis deux heures… Comment voulez-vous préparer une défense convenable, préserver une certaine confidentialité… Ce ne sont pas des conditions décentes. Tout le monde bout. Et ceci explique certaines confusions de mon client. Ceci explique aussi les crispations et les attitudes d’autres prévenus qui ont comparu avant». La procureure acquiesce dans un hochement de tête. Silence du côté des juges. Le jeune homme écope finalement de quatre mois de prison avec sursis et mise à l’épreuve pendant deux ans, assortie d’une obligation de soin.
Crispé, il l’était aussi, Benoît Libouban. Ce cuisinier de 32 ans comparaissait également pour détention de stupéfiants. Arrivé de Charente en train à Brest le 8août pour Astropolis, il a été interpellé place de la Liberté en possession de 16cocottes de cocaïne, soit 10g, et 3g de cannabis. «Pour ma conso personnelle, pour le week-end. J’ai un travail, je gagne bien ma vie, j’ai autre chose à faire que de venir à Brest pour revendre 10g!» Une attitude désinvolte qui énerve le tribunal: «Peut-être, il n’empêche qu’une heure trente à peine après votre descente du train, on vous retrouve comme par hasard sur cette place, bien connue pour être une plaque tournante en matière de stupéfiants!». Un avis partagé par la procureure Morin qui requiert à son encontre 18 mois de prison dont douze ferme: «Vous vous moquez de nous. Vous dites être un consommateur très occasionnel et vous prenez 10g pour deux jours… On meurt avec ça, Monsieur!» Excédé, Benoît Libouban marmonne, s’agite sur le banc, hausse les épaules et se retourne vers son avocate qui venait de poser une main sur son épaule: «Oh! Laisse-moi tranquille, toi aussi». L’avocate reste calme et plaide la clémence, expliquant «qu’il n’y a aucune suspicion de trafic. Que s’il était place de la Liberté, c’est tout simplement parce que c’est là que passent tous les bus! C’est d’ailleurs juste à côté d’un arrêt qu’il a été contrôlé. Qu’enfin, s’il est actuellement en prison, c’est pour purger une condamnation prononcée en son absence il y a dix ans. Et, durant ces dix années, on n’a rien eu à lui reprocher». Il est finalement condamné à six mois de prison.
Crédit : Le Télégramme
https://www.letelegramme.fr/local/finistere-nord/brest/ville/tribunal-geole-surchargee-et-prevenus-crispes-11-11-2009-649134.php#kKrtx2KiAwhorJxF.99