« Liberté ! ». Il est à peine midi sous le ciel changeant de Brest et l’un des soutiens au bonnet rouge emprisonné depuis vendredi hurle, poing tendu, la bonne nouvelle à la cinquantaine de soutiens massés devant les grilles du tribunal. L’affaire était pourtant loin d’être entendue. « Le parquet souhaitait vraiment l’emprisonnement de mon client », souffle Me Rajjou à l’issue d’une audience spécialement longue et frappée du sceau de la confidentialité devant le juge des libertés et de la détention. « J’avais pourtant réclamé la publicité des débats », explique l’avocat, qui n’a pas été entendu.
La sérénité de la justice et la possible entrave aux investigations futures ont alors été avancées pour justifier du huis clos de cette audience devant simplement statuer sur la liberté ou la détention de cet homme de 40 ans, porte-parole de la section morlaisienne des bonnets rouges, et interpellé jeudi soir dans le cadre de l’enquête sur les incendies de la MSA et du centre des impôts de Morlaix.
C’est donc au rythme des rumeurs que le temps a couru, hier matin.
Parmi les supporters du mis en cause, on dénonce encore « le procès politique » et sa « totale absence de charges », ourdi par « le pouvoir qui veut faire un exemple. Faut pas plaisanter. Nous ne sommes pas des djihadistes », s’agacent des manifestants.
Le président du tribunal, Philippe Delarbre, assure dans la rue, au prix d’un certain courage, que non. « La justice sera rendue sereinement », jure le magistrat qui autorise une petite délégation à poireauter dans la salle des pas perdus, alors que les autres décorent de banderoles amicales les austères entrées du palais, hurlant parfois des cris de ralliement ou faisant jouer la bombarde.
« Mon client est sous contrôle judiciaire mais libre », annoncera donc l’avocat à la troupe soulagée. « Il est clair que ce procès a une portée politique. Pourquoi un bonnet rouge et personne d’autre ? », lance Me Rajjou qui sait que l’instruction se poursuit. Pour lui, une bataille judiciaire est gagnée mais les affaires ne viennent que de commencer. C’est ce que lui a sûrement confirmé le parquet, hier soir, en indiquant sa volonté d’interjeter appel de la décision de libération.
Crédit : Le Télégramme
https://www.letelegramme.fr/finistere/justice-le-bonnet-rouge-remis-en-liberte-09-10-2014-10378159.php#wxFyYhBDK77mohPe.99