Le statut de victime a été reconnue à une jeune femme violée à Brest, en 2004.
Le statut de victime a été reconnue à une jeune femme violée à Brest, en 2004. L’auteur, qui a contesté les faits jusqu’au bout, est condamné à cinq ans de réclusion.Un cri du coeur, en réaction aux « petits arrangements avec la vérité » de Vincent Lai, 24 ans, a marqué l’ouverture de la deuxième journée d’audience : « Je suis sincère. Je veux que la véracité de mes propos soit reconnue. Je ne suis pas là pour détruire la vie de M. Lai », a presque imploré Katia (*), abusée dans une ruelle adjacente à la rue Jean-Jaurès, à Brest, à l’aube du 16 mai 2004.
« Une part de lui croit en ses mensonges »
Son voeu a été exaucé. La version alambiquée de l’accusé, qui soutenait une étreinte consentie, a été mise à mal, parfois de façon inattendue. Ainsi, l’un de ses amis d’enfance est venu dire, sans acrimonie, que ce dernier « est menteur sur tout. Quand il sort un mensonge, il s’y tient, même si on lui démontre que ce n’est pas la vérité ». L’expert psychiatre allait éclairer ce trait de personnalité : « Une part de lui croit en ses mensonges, tant que ça lui permet de tenir ».
« Impulsif, imprévisible »
Ces deux témoignages succédaient à l’audition de l’ex-épouse de l’accusé, battue à plusieurs reprises par ce dernier. Elle l’a décrit comme « très impulsif, très possessif, très violent, très imprévisible. Une fois, j’ai été étranglée à terre. Il a fallu que je me débatte de toutes mes forces pour qu’il me lâche ». Impression désastreuse s’il en est, que ne sont pas parvenus à contrebalancer, quelques heures plus tard, M e s Colliou et Le Chaux, avocats de la défense. Ils plaidaient l’acquittement. Le premier a exhorté les jurés : « La version de Vincent Lai est crédible. Il est vantard, non menteur. Il est violent, mais ce n’est pas un violeur ». À sa suite, M e Le Chaux a appuyé sur le doute « caractérisé. À mon sens, c’était une relation tout à fait consentie ». Entre-temps, M e Elard, avocat de la partie civile, avait porté haut la dignité de sa cliente : « Elle n’a jamais varié pendant ces quatre années. Elle ne s’est pas adaptée à la procédure d’instruction. Les versions de Vincent Lai, j’en ai compté quatre ».
« Quel est le travail effectué sur lui-même ? »
Le réquisitoire méticuleux de l’avocat général, Stéphane Le Tallec, est venu compléter sa plaidoirie : « Trouvez-vous cohérent qu’une femme qui sort de chez un ami, qui passe deux fois devant son domicile, décide d’avoir un rapport sexuel dans la rue, sans protection, alors qu’elle a ses règles ? ». Il s’est dit inquiet : « Quand je vois que l’accusé est capable de croire en ses propres mensonges, quel est le travail qu’il a effectué sur lui-même ? ». Mettant en exergue la violence et « la sexualité pulsionnelle » de Vincent Lai, il requérait huit années de réclusion. Les jurés l’ont partiellement suivi, le condamnant à cinq années de réclusion, assorties de quatre ans de suivi sociojudiciaire. * Prénom modifié.
Crédit : Le Télégramme
https://www.letelegramme.fr/ar/viewarticle1024.php?aaaammjj=20081016&article=3992969&type=ar#5TLADj3Fpt5THpvh.99