Ambiance électrique. Plongeon dans le monde faussé des trafiquants de drogues. Pendant six jours, la cour d’assises du Finistère jugeait une femme de 31 ans et son mari du même âge, ex-héroïnomanes. Et Tony, un gros dealer. Le soir du 11 novembre 2012, un surnommé Rambo se présente au domicile du couple à Motreff, bourg de 650 âmes, près de Carhaix dans le Centre-Finistère. Il vient récupérer l’argent du demi-kilo d’héroïne confié à la revente, quelques jours avant au mari.
Petite main du « Rouquin », gros fournisseur condamné en janvier 2015 à 8 ans et toujours en cavale, Rambo est conduit dans une pièce. Sol bâché, pots de peinture. « La chambre du futur bébé », justifiera plus tard le couple. Tony surgit de la salle de bains et assène, par-derrière, deux coups de hache dans la tête et une omoplate.
27 plaies
Julien Maache le crible de coups de couteau et de hache. « Une boucherie », libère la victime, 31 ans, au fil d’un témoignage glaçant. 27 plaies et blessures. Rambo s’échappe par la fenêtre. Atteint, en sang, la maison des voisins. Il est évacué par hélicoptère. À temps. Depuis, il a purgé trois ans pour ce trafic. Son père, partie civile, est en prison pour avoir tué un homme de dix balles de fusil, en 2001 à Guingamp.
Dealer de shit à 14 ans dans sa cité d’Orly, Tony a déjà fait « 13 ans de placard » pour 19 condamnations, à 38 ans. Le Carhaisien, lui, a été condamné 11 fois, notamment pour violences au couteau. Notamment sur son père. Si l’entourage de sa femme s’accorde à dire qu’elle est bien sous tous rapports, « le vernis a un peu craquelé », souligne Me Le Guirriec, avocate de la victime.
Trou et chaux
Plusieurs arlésiennes ont peuplé ce procès. Tony avait parlé d’un trou dans le jardin, pour faire disparaître le corps. Il est revenu sur ses déclarations. La jeune femme aurait acheté deux sacs de chaux pour masquer les odeurs. Jamais retrouvés.
L’avocat général, François Touret de Coucy, retient la mise en scène de la pièce, certains témoignages et la volonté de dissimulation du couple. Il requiert 20 et 10 ans de réclusion criminelle contre le couple, 18 contre Tony.
Pour Me Régnier, son avocat, en mettant un coup de hache dans la main du mari, Tony a eu « la volonté de ne pas le laisser tuer ». Me Kong-A-Siou, la défense du mari, charge Tony. « Il a effacé ses traces, pas celles de mon client ». S’il n’a pas « fini » Rambo, « c’est parce qu’il voulait les mouiller et s’implanter sur Carhaix ».
Me Rajjou, avocat de la jeune femme, s’émeut du sort du petit garçon, né en février 2013. Soulève une enquête émaillée de zones d’ombre, qui s’est appuyée « dès le départ sur la thèse de Tony ». La cour d’assises condamne le couple à 20 et 12 ans de réclusion criminelle, Tony 16 ans. Le couple fait appel.